Cameroun: “une entité doit avoir les pouvoirs nécessaires pour gérer efficacement le bassin de la Sanaga” (expert)




La présence sur le fleuve de plusieurs barrages de retenue et barrages hydroélectriques, ainsi que les projets en vue, nécessitent la présence d’un organe pour gérer efficacement les usages de l’eau du bassin, selon Jean-Louis Rahuel du groupe français Artelia

 

La construction en vue, sur le fleuve Sanaga, du barrage hydroélectrique de Nachtigal (420 MW), ou celui de Grand Eweng (1 800 MW), pourrait modifier l’écoulement des eaux des barrages réservoirs de Mbakaou, Bamendjin, Mape et Lom Pangar – construits en amont du fleuve Sanaga – vers les centrales hydroélectriques présentes en aval (Song Loulou, Edéa).

Cet impact envisagé n’est pas le seul, a expliqué mercredi, 20 février, Jean-Louis Rahuel du groupe français Artelia, au cours d’un exposé présenté au quatrième Forum EEE sous le thème: “Enjeux stratégiques et opérationnels de la gestion intégrée des ressources en eau à grande échelle: cas du bassin de la Sanaga”.

“Une entité doit avoir les pouvoirs nécessaires pour gérer efficacement le bassin”, a soutenu l’ingénieur hydraulicien, estimant qu’il pourrait s’agir d’une “agence de l’eau” ou d’un “syndicat de rivières”, qui exercerait aux côtés de la Commission du bassin de la Sanaga (CBS) – envisagée par le gouvernement – et de son secrétariat technique permanent. La CBS aurait en charge la gestion opérationnelle du bassin de la Sanaga tandis que l’agence pourrait remonter plus rapidement les problèmes enregistrés sur le bassin.

“Il est logique de développer en priorité l’hydroélectricité mais il ne faut pas oublier les autres usages de la ressource en eau”, a commenté M. Rahuel – chef de projet chez Artelia – citant, entre autres, l’utilisation des eaux du fleuve pour l’approvisionnement en eau potable, l’agriculture, la pêche, la gestion des crues, le tourisme.

Artelia – groupe français spécialisé dans l’ingénierie, le conseil, la maîtrise d’œuvre et l’assistance – a assuré, avec des “partenaires”, une mission d’assistance technique au Cameroun, entre 2015 et 2018, pour le compte de l’entreprise publique Electricity Development Corporation (EDC), gestionnaire des barrages de retenue du Cameroun. La mission avait pour objectif de présenter une gestion intégrée des ressources en eau (GIRE), orientée vers l’hydroélectricité dans le bassin de la Sanaga.

La Sanaga, d’une superficie de 133 000 km2, concentre la majeure partie du potentiel hydroélectrique du Cameroun, “tant en terme de production (53% de la puissance équipable) que de régulation”, précise la Banque mondiale. La puissance “équipable”, toujours d’après des données de la Banque, est de 13 700 MW, exploitée seulement à hauteur de 5%.

Pour mettre en place la GIRE dans le bassin de la Sanaga, du point de vue de la gestion opérationnelle, Jean-Louis Rahuel préconise, entre autres, l’usage d’outils “sophistiqués”, à l’instar d’un outil de modélisation, des modèles de prévision hydrologique et de planification hydrothermique, une centrale télémétrique équipée d’une base de données, une station de surveillance hydrologique.

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