Cameroun: ce que l’on pense de la qualité du service d’Eneo dans les services du Premier ministre




“Offre de l’énergie électrique largement inférieure à la demande”, “délestages fréquents et intempestifs”, électricité qui “coûte chaque jour un peu plus cher”, “disparités entre les zones urbaines et les localités rurales”, etc. Présentation des griefs qui veulent amener le gouvernement à découper le territoire en plusieurs zones de distribution

 

A l’occasion du dépouillement, prévu ce 09 avril, des offres portant sur la réalisation de l’étude sur le découpage des zones de distribution de l’électricité, Energies Media revient sur les motivations présentées par les services du Premier ministre, à l’origine de ce projet.

Ces griefs concernent principalement la société Eneo, concessionnaire du service public de production et distribution de l’électricité depuis mai 2014. Sa concession, dont elle demande le renouvellement par anticipation pour ses besoins de financement, doit expirer en 2021.

“L’électricité coûte chaque jour un peu plus cher au Cameroun, les disparités entre les zones urbaines et les localités rurales se sont accrues, en violation des dispositions de la loi régissant l’électricité notamment en ce qui concerne celles portant sur l’égalité de traitement des usagers du service public”, relève Séraphin Magloire Fouda, le secrétaire général des services du Premier ministre.

En janvier 2018, l’ex-ministre de l’Eau et de l’Energie, Basile Atangana Kouna, affirmait que le taux d’accès à l’électricité se situait autour de 60 à 70%; ce taux étant “plus bas” en zone rurale.

Quant à la production électrique nationale, elle était estimée, fin 2017, à environ 1300 MW par la Banque africaine de développement (BAD).

En ce qui concerne les chiffres officiels, ENEO revendique par ailleurs près de 1,2 million de clients à l’échelle nationale. Ce que semble mettre en doute le secrétaire général des services du Premier ministre.

« L’opérateur AES/Sonel, devenu Eneo depuis 2014, brandit le chiffre de plus d’un million d’abonnés dûment répertoriés dans ses registres, parmi lesquels 1300 clients MT et quelques abonnés dits “Grands comptes”. Il faut dire que les chiffres avancés par cette entreprise doivent être homologués par l’Arsel [Agence de régulation du secteur de l’électricité, NDLR] », estime-t-il.

“Désagréments électriques”

Le fonds d’investissement britannique Actis détient 51% du capital d’ENEO. Actis Energy avait racheté, en novembre 2013, les parts du groupe américain AES Corporation (56% à cette époque) au sein de AES Sonel, l’entreprise nationale d’électricité du Cameroun. La signature des accords avec le gouvernement était intervenu en mai 2014. Il convient de rappeler qu’Actis avait racheté, sept ans avant son terme, la concession acquise en 2001 par AES Corporation, pour une vingtaine d’années, en prenant le monopole des activités de la défunte Société nationale d’électricité (Sonel).

“La situation n’a presque pas changé, l’offre de l’énergie électrique reste largement inférieure à la demande. Le changement du statut du fournisseur d’électricité n’a pas eu d’incidence notoire sur la condition du consommateur, bien au contraire. On déplore toujours autant de désagréments électriques caractérisés par des délestages fréquents et intempestifs. Toutes les catégories de consommateurs en sont clairement affectées”, décrie Séraphin Magloire Fouda, entre autres problèmes soulevés.

L’AMI publié le 06 décembre 2017 précise que « le cahier des charges du contrat de concession fait obligation à l’opérateur AES/Sonel de desservir 2300 localités qui constituent le “périmètre de distribution”, mais aussi d’étendre chaque année la desserte à d’autres parties du territoire national » .

L’américain AES disposait de quatre contrats de concession: production, transport, distribution et vente de l’électricité au Cameroun.

Les activités avaient été reprises par Eneo; mais le gouvernement, à la faveur de la loi du 14 décembre 2011 régissant le secteur de l’électricité au Cameroun, a commencé à limiter ces dernières. Pour illustration, le transport de l’électricité est désormais dévolu à la Société nationale de transport de l’électricité (Sonatrel), dont le début effectif des activités est attendu en cette année 2018.

La distribution est à présent dans le viseur du gouvernement.

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