Bénin: une fondation suisse promeut l’usage du biogaz dans la commune de Toffo




Dans le centre de gestion des ordures de Houègbo, oeuvre de la fondation suisse ReBin, on transforme environ 6 tonnes de déchets organiques par semaine en 200 m3 de biogaz à usage domestique

 

La fondation suisse ReBin a ouvert, depuis fin 2017, un centre de gestion des ordures au Bénin, à Houègbo, village situé dans la commune de Toffo, au sud du pays. Des Béninois et Béninoises viennent régulièrement s’y approvisionner en « sac à gaz »: d’immenses poches blanches en plastique qui enveloppent cette énergie particulièrement précieuse dans les zones rurales du Bénin.

« C’est la queue ici depuis que nous avons opté pour le biogaz », sourit une cliente.

Dans ce centre de 1,3 hectare, on transforme environ 6 tonnes d’ordures et de déchets organiques par semaine en 200 m3 de biogaz – qui permettront d’éviter la consommation en charbon de 164 tonnes de bois.

La société ambitionne également de produire quelque 400 tonnes d’engrais bio par an.

Une centaine de ménages ont passé contrat avec ReBin et viennent livrer quotidiennement leurs ordures au centre. Chaque « ramasseur » est rémunéré au poids: 250F CFA (soit environ 50 centimes d’euro) pour 10 kilos de déchets.

Le paiement est fait soit en argent soit sous forme de crédit utilisable pour un ravitaillement en biogaz, produit grâce à la transformation des déchets.

Le reste des ordures traitées – qui représentent un total de plus de vingt tonnes depuis fin 2017 – est apporté par une ONG locale de ramassage des ordures: Astome (Assainissement, sensibilisation, traitement des ordures ménagers et entretien).

Le taux d’évacuation des ordures pour tout le Bénin est en moyenne de 17% (39% en milieu urbain et à peine 3% en milieu rural), selon l’ONG locale PAVCD, spécialisée dans l’assainissement en milieu urbain et péri-urbain.

Dans cette région agricole de Toffo, le marché de Houègbo est l’un des plus fréquentés du pays et la mairie affirme que plus d’une tonne de déchets d’ananas, pain de sucre est générée tous les jours.

Ce sont d’ailleurs les tas d’immondices du marché qui ont attiré l’attention de Mark Gianneli, fondateur de ReBin. « J’ai vu cela non pas comme un problème mais comme une opportunité. Je me suis dit que cela constituait une mine d’or », raconte-t-il à l’AFP.

En prospection pour l’installation d’un centre pilote au Ghana ou au Togo voisins, c’est finalement dans ce petit village du Bénin, particulièrement enthousiaste à l’idée du projet, que l’homme d’affaires a posé ses valises il y a moins d’un an.

Son but est de mettre en place « une vraie économie qui serve la population et protège l’environnement ». L’argument de la proximité est aussi mis en avant: « Le but est d’éviter les grands voyages d’ordures. Il faut prendre les problèmes localement et leur trouver des solutions locales », dit-il.

Mark Gianneli souhaite étendre le projet pilote à des communes plus grandes et transférer la technologie, pour que des entrepreneurs locaux prennent le relais.

« On doit dupliquer ce centre dans les 77 communes » du Bénin, explique Sewai Mardochée, ingénieur en valorisation des déchets et directeur du centre pilote. « On pourra alors créer de l’emploi et assainir notre cadre de vie en diminuant l’utilisation du bois de chauffe et du charbon », projette-t-il.

Nicolas Hounjè, fonctionnaire à la retraite, s’est déjà proposé pour reprendre la société: « Nous ne savions pas chez nous, ici, que les ordures pouvaient devenir sources de bonheur », souffle-t-il.

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