Les avantages du Pay-As-You-Go dans les projets solaires en zones rurales




Par Camille Mourgues, Consultant chez mc2iGroupe (conseil en systèmes d’information)

 

Alors que l’autoconsommation a le vent en poupe dans les pays développés et notamment en France pour des raisons essentiellement écologiques, elle représente un enjeu socio-économique plus important encore pour les pays en voie de développement. Aujourd’hui, 1,2 milliard de personnes – issues pour 95% d’entre elles des pays d’Afrique subsaharienne ou d’Asie du Sud-Est – n’ont pas d’accès au réseau électrique. Ces zones, majoritairement très pauvres et rurales, n’ont pas les ressources nécessaires afin d’investir massivement et de permettre le bon développement de leur réseau. A titre d’exemple, atteindre un taux d’électrification de 70% en Afrique nécessiterait un investissement annuel équivalent à plusieurs années d’investissement dans tout le secteur de l’énergie sur le continent.

Le solaire, une énergie particulièrement rentable mais encore inaccessible pour certains

L’autoconsommation est donc vitale pour améliorer le confort de ces populations et leur accès à l’électricité. Afin de répondre à leurs besoins énergétiques, elles dépensent environ 27 milliards de dollars chaque année dans des technologies de substitution utilisant des énergies fossiles telles que des batteries ou des groupes électrogènes. Ces besoins en électricité sont en effet les leviers les plus efficaces d’un point de vue social et économique car ils permettent un développement du commerce, et du travail de manière général, notamment de nuit.

Or le solaire permet d’adresser ce problème d’investissement pour deux raisons principales : il pallie la plupart des problèmes logistiques de projets de grandes ampleurs, et il permet surtout aux utilisateurs d’économiser de l’argent. La plupart des systèmes solaires proposés ont une période de retour sur investissement comprise entre 1 et 3 ans grâce à une diminution drastique du coût des panneaux solaires (divisé par 8 en moins de 10 ans). Ainsi, le pico-solaire (capacité inférieure à 10W principalement utilisé pour des lampes et chargeurs de téléphones) a su répondre à ce besoin avec plus de 45 millions de produits vendus impactant plus de 90 millions de personnes, et qui continue de croître – taux de croissance de 109% entre 2011 et 2014.

Malheureusement, malgré ces chiffres prometteurs, le développement de ces nouvelles technologies solaires demeure insuffisant soit par une capacité de puissance trop faible soit du fait d’un coup d’investissement trop important.

Un nouveau business model alliant progrès technologique et nouveau mode de consommation

Afin de palier ce problème, un nouveau business model couplé à de nouvelles technologies voit le jour : le Pay-As-You-Go. Basé sur le business model du rent-to-own, où le client final loue le système pendant une durée déterminée jusqu’à ce qu’il lui appartienne, le PayGo utilise un système de paiement via les opérateurs téléphoniques qui permet également de couper le service à distance en cas de défaut de paiement.

En effet, là où le modèle rent-to-own présentait des limites car la collecte des paiements ou l’enlèvement des systèmes solaires dans ces zones reculées était très compliqué (pas d’agence de proximité, difficile d’accès, clients absents etc…), le PayGo permet de réaliser d’importantes économies. De plus, il est très simple d’utilisation pour le client final qui a l’habitude de recharger son téléphone car les réseaux téléphoniques sont très bien développés et implantés dans ces pays.

Outre le moyen de paiement à distance et le remote control (on/off du système à distance en cas d’impayé), ces systèmes ont bien souvent la capacité de collecter à distance différentes données du système en direct, comme la tension de la batterie, le courant généré ou la consommation. Cela permet ainsi d’effectuer des actes de prévention ou d’entretien voire même de maintenance à distance.

La naissance d’un nouvel écosystème pour lutter contre la précarité énergétique

Tout ceci se traduit donc par des économies importantes mais aussi par une amélioration de la satisfaction client. Cependant, les coûts de production plus élevés de ces systèmes dont le paiement est échelonné sur 4 ou 5 ans entraînent des difficultés de trésorerie pour les entreprises qui les distribuent.

Afin de pérenniser le modèle de ces entreprises, un nouvel écosystème est en train de se développer dans de nombreux pays. Des ONG dirigent actuellement des programmes de développement associant les opérateurs téléphoniques, les organismes de microfinances et ces entreprises. Ces dernières, qui historiquement manufacturaient puis distribuaient les produits sont d’ailleurs en train de se spécialiser, entre producteurs et distributeurs, afin d’être plus efficaces et compétitives.

Si ce nouvel écosystème, couplé au développement d’équipements électroménagers à très faible consommation tel que les TV ou les congélateurs, parvenait à vaincre ces défis, il pourrait permettre à des millions de personnes d’accéder à l’électricité et ainsi améliorer grandement leur niveau de vie.

 

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