Alain Deneault se penche sur la complexité à encadrer juridiquement Total dans les Etats




Le philosophe a publié en février dernier 512 pages d’un essai intitulé: “De quoi Total est-elle la somme ? Multinationales et perversion du droit”

Total, société française, aujourd’hui présente dans plus de 130 pays, peut-elle être régulée dans les Etats où elle opère? Pas si simple, comme le démontre Alain Deneault, philosophe, dans un essai publié en février 2017 sous le titre: “De quoi Total est-elle la somme? Multinationales et perversion du droit?” (Editions Rue de l’échiquier).

D’après le chercheur, auteur de cette enquête de 512 pages, “Total est une autorité souveraine d’un genre nouveau, capable de rivaliser avec des Etats et de générer un nouveau rapport à la loi. Elle est composée d’un réseau d’entités indépendantes partout dans le monde, via 882 sociétés présentes dans 130 pays. Aucun Etat n’est à même d’encadrer Total, puisque la firme évolue sur une échelle qui échappe à leur portée législative. C’est une firme qui, en étant éclatée et active dans un très grand nombre de secteurs, ne peut être réduite à la seule filière pétrolière.”

La multinationale, qui a fusionné avec Elf en 2000, oeuvre dans l’exploitation, le traitement et la distribution des produits issus du pétrole; le gaz, l’énergie solaire, la production électrique et l’industrie chimique.

En Afrique en particulier, l’histoire de l’implantation de la société refléterait des relents de néocolonialisme, selon Alain Deneault. “Dans son empire africain, De Gaulle (président de la République française de 1959 à 1969, NDLR) a reproduit le modèle de la Grande-Bretagne dans l’ex-empire ottoman après la première guerre mondiale. Ce schéma consiste à créer des enveloppes juridiques où ce ne sont plus les Etats qui encadrent les sociétés industrielles, mais où ce sont elles qui se créent des Etats sur mesure. Au Gabon, au Congo-Brazzaville et dans une moindre mesure au Tchad ou au Cameroun, une société pétrolière va alors directement relever du pouvoir politique de Paris. Elf [qui a fusionné avec Total en 2000] va ainsi développer un savoir-faire dans l’exploitation des hydrocarbures, mais aussi dans le renseignement et la stratégie politique afin de se donner des interlocuteurs publics choisis. On va transformer un Etat d’Afrique en une sorte de comptoir, d’émirat”, explique le chercheur dans une interview accordée autour de la sortie de l’ouvrage.

Il est à souligner cependant que la société ne peut plus déclarer être purement française puisque 72% des actions de l’institution ne sont pas détenues par des actionnaires français.

Toutefois, selon le philosophe Alain Deneault, “Total ne témoigne pas seulement du pouvoir de cette entreprise en particulier, mais de celui d’une poignée de multinationales qui font aujourd’hui la loi”.

A propos de l’ouvrage:

“De quoi Total est-elle la somme? Multinationales et perversion du droit”

Auteur: Alain Deneault

Editeur: Rue de l’échiquier

Genre: Essai

Nombre de pages: 512

Date de parution: 16/02/2017

Prix: 23,90 Euros TTC

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