Nigeria: la Commission des crimes économiques et financiers veut faire extrader l’ex-ministre du Pétrole




Le patron de l’Economic and Financial Crimes Commission (EFCC), Ibrahim Magu, a dénoncé lundi, 12 novembre, la lenteur de la Justice britannique à juger Diezani Alison-Madueke

 

Le patron de l’agence anti-corruption du Nigeria a annoncé lundi, 12 novembre, son intention de faire extrader l’ex-ministre du Pétrole, estimant trop lente la procédure initiée par la justice britannique.

Diezani Alison-Madueke, qui fut ministre de l’ancien président Goodluck Jonathan jusqu’en 2015 et la première femme à diriger l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), est au centre de plusieurs enquêtes pour blanchiment d’argent et corruption aux Etats-Unis, au Royaume-Uni ou en Italie et l’une des cibles privilégiées de la Commission des crimes économiques et financiers (Economic and Financial Crimes Commission, EFCC) au Nigeria.

Elle avait été arrêtée à Londres en octobre 2015, où un tribunal a ordonné le gel de cinq propriétés de luxe liées à ses affaires, avant d’être libérée sous caution en attendant son procès.

L’ex-ministre de 57 ans a toujours nié avoir détourné des millions de dollars de juteux contrats pétroliers et des caisses de l’Etat lorsqu’elle était aux affaires.

Plusieurs maisons et appartements de Lagos et Abuja lui appartenant ont également été saisis par la justice nigériane ces derniers mois.

Le gouvernement nigérian avait jusque-là semblé se satisfaire qu’elle puisse être jugée en Grande-Bretagne plutôt que dans son pays, où Alison-Madueke compte encore des soutiens politiques influents et où le système judiciaire est notoirement corrompu et critiqué pour sa lenteur.

Mais le patron de l’EFCC, Ibrahim Magu, a affirmé lundi que l’enquête britannique piétinait, protestant contre le fait qu’aucune poursuite n’aient été lancée.

« Il vraiment déraisonnable qu’elle ne soit toujours pas jugée là-bas », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Abuja.

« C’est pourquoi je dis, si vous ne pouvez pas la poursuivre, amenez-là ici. Nous allons la poursuivre », a ajouté M. Magu. « Nous ne pouvons pas attendre indéfiniment. Je pense que trois années et quelque sont plus qu’assez pour la traduire devant les tribunaux ».

« Personne n’a entamé les poursuites là-bas. C’est pourquoi j’ai proposé de lancer une procédure d’extradition ».

Aucun commentaire n’a été fait dans l’immédiat par le gouvernement britannique ou son ambassade à Abuja.

Le président Muhammadu Buhari a été élu en 2015 sur la promesse de lutter contre la corruption endémique et l’impunité qui minent le Nigeria, principal exportateur d’or noir africain avec l’Angola.

Mais près de quatre ans plus tard, et alors qu’il briguera un second mandat en février prochain, son bilan en matière de lutte anti-corruption est très critiqué.

Bien que M. Magu s’est félicité d’avoir pu « sécuriser » la condamnation de 700 personnes pour corruption depuis 2015, mais aucune personnalité de poids n’a pour l’instant été jugée et sont toujours dans l’attente de leur procès.

L’EFCC a toutefois saisi, avec ou sans procès, des sommes astronomiques d’argent, a rappelé M. Magu, accusant leurs propriétaires de « pillage ». L’équivalent de 2,3 milliards de dollars a ainsi été saisi sur des comptes en banque, ainsi que des « villas, stations essences, bijoux, voitures, terrains,… », a déclaré M. Magu.

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